Lorsque l’on est un professionnel du BTP, il est important, voire essentiel, de connaître ce qu’est la mérule. Vous serez ainsi à même de lutter contre ce champignon tant redouté. Et pour cause, on l’appelle aussi la « lèpre de la maison ». En connaissant mieux ce risque, vous pourrez ainsi prévenir son apparition ou, s’il est déjà trop tard, sa propagation.
La mérule est un champignon aussi appelé Serpula Lacrymans. C’est l’espèce la plus répandue. Elle est très friande de cellulose et va s’en nourrir, détruisant ainsi le bois et d’autres matériaux présents dans l’habitation jusqu’à la fragilisation de l’ensemble de la structure. C’est un champignon lignivore, c’est-à-dire qui se nourrit de bois.
Voici ce dont la mérule se compose :
●le mycélium : ou « blanc de champignon », c’est la partie végétative du champignon, elle a l’apparence d’un feutrage blanchâtre ou évoque une toile d’araignée ;
●le carpophore : c’est l’organe reproducteur. Il sert à disperser les spores. Cette masse difforme peut être assez importante et de couleur blanche à marron en passant par le rouge ;
●les spores : elles sont invisibles à l'œil nu et servent à la reproduction.
Les spores sont présentes partout, mais elles restent inactives tant que les conditions de développement ne sont pas réunies. Elles peuvent alors rester en état de latence durant des siècles et, au moment où les conditions sont favorables, les spores donnent alors naissance à une mérule.
Il faut les 4 conditions suivantes :
Tous les acteurs professionnels du BTP sont concernés par la mérule. En effet, ils doivent pouvoir anticiper son développement et l’empêcher. En effet, lorsque le professionnel intervient, il doit prendre en compte ce risque. Par exemple, quand un chauffagiste installe un système de chauffage dans une habitation ancienne, la température va alors monter, pouvant alors remplir la troisième condition ci-dessus qui permettra à la mérule en latence de commencer à se développer. Il en est de même pour le menuisier, le maître d'œuvre, l’artisan, le contrôleur technique, etc. Lors d’une intervention dans une maison, chaque corps de métier devrait être vigilant à la mérule afin de pouvoir alerter les propriétaires, le cas échéant.
Généralement, lorsque l’on repère sa présence, on constate le carpophore. Ce peut être à la suite d’une période où la maison est restée inoccupée ou dans un espace qui n’est que peu utilisé. Bien souvent, lorsque l’on détecte cette présence, le bois a déjà été attaqué. Une fois que les conditions sont réunies pour son développement, la mérule progresse très vite. On peut ainsi voir une paroi entièrement colonisée en seulement quelques jours. Elle peut être dissimulée sous le papier peint, dans le mobilier, etc.
Les dégâts occasionnés par la mérule peuvent rapidement devenir très importants. En se nourrissant de cellulose, elle rend le bois mou. C’est alors la structure de la maison qui est totalement fragilisée. On peut ainsi constater l’effondrement de la charpente ou encore du plancher, par exemple. De plus, sa progression est très rapide, elle peut alors rapidement se propager aux habitations voisines. Les conséquences peuvent être dramatiques, c’est pourquoi il est nécessaire que chacun soit vigilant.
Le rôle des professionnels du BTP est de prévenir pour éviter le développement de la mérule. Néanmoins, dans les constructions anciennes, en cas de doute, il est nécessaire de ne pas intervenir pour la traiter, mais de faire appel à un spécialiste qui déterminera si oui ou non il s’agit bien de la mérule.
Au moment de la conception d’une habitation neuve, il faut à tout prix chercher à éviter la présence d’humidité pour ce faire, il faut :
●veiller à apporter une ventilation suffisante ;
●éviter la présence de ponts thermiques ;
●il sera nécessaire de prêter une attention particulière au choix du bois afin qu’il soit naturellement résistant aux champignons ou avec une durabilité conférée suffisante selon la norme NF EN 355 ;
●dans le cas des constructions en bois, il faut éviter que n’apparaisse un point de rosée à l’intérieur du mur extérieur.
Avant d’intervenir sur un chantier, il est recommandé de connaître l'historique de la maison tels que les dégâts des eaux, les incendies, etc. pour pouvoir évaluer les risques de présence de la mérule. Les différents diagnostics seront, eux aussi, nécessaires. Ensuite, pour s’assurer de l’absence de mérule et éviter son apparition, il est nécessaire de prendre certaines précautions :
●inspecter chaque pièce et surtout les espaces peu visités ;
●sonder les différents bois présents dans l’habitation ;
●vérifier l’hygrométrie, puis la mesurer tout au long du chantier ;
●assurer la perspirance des murs et des sols. Pour ce faire, on va faciliter le transfert de la vapeur d’eau.
●veiller à assurer le renouvellement de l’air dans l’habitation sans influer sur l’équilibre déjà présent ;
●en l’absence d’une barrière anti-capillarité, comme c’est souvent le cas dans les bâtiments anciens, il peut être utile d’opter pour une solution permettant de lutter contre la remontée de l’humidité dans les ouvrages sensibles ;
●veiller à ce que les joints d’étanchéité entre les dormants des menuiseries et le gros-œuvre soient parfaitement effectués ;
●enfin, il est important de ne surtout pas percer les membranes pare-vapeur ou frein-vapeur.